
Ce qu’il faut faire après la floraison des tulipes : les conseils pratiques des jardiniers
Sommaire de cet article
Comprendre le cycle de vie des tulipes
Les tulipes suivent un cycle végétatif bien défini qui détermine leur capacité à refleurir. Après la floraison, la plante entre dans une phase essentielle durant laquelle elle accumule des réserves nutritives dans son bulbe.
Cette période de reconstitution des forces est déterminante pour la qualité de la floraison future.
Le bulbe de tulipe fonctionne comme un organe de stockage. Pendant et après la floraison, la plante utilise l’énergie captée par ses feuilles pour reconstituer les réserves du bulbe et, dans certains cas, former de nouveaux bulbilles.
Ce processus peut durer plusieurs semaines et nécessite que le feuillage reste intact aussi longtemps que possible.
Les différents types de tulipes et leurs besoins spécifiques
Toutes les tulipes ne se comportent pas de la même façon après la floraison. On distingue généralement trois catégories principales :
- Les tulipes botaniques (ou espèces) : plus rustiques et naturalisantes, elles refleurissent facilement d’année en année
- Les tulipes précoces : souvent moins pérennes mais peuvent refleurir si les conditions sont optimales
- Les tulipes tardives : incluant les tulipes Darwin et les tulipes perroquet, elles ont des comportements variables selon les variétés
Les tulipes botaniques comme Tulipa tarda ou Tulipa turkestanica sont particulièrement adaptées à la naturalisation dans les jardins français.
Elles nécessitent moins d’interventions après la floraison que les variétés hybrides plus sophistiquées.
Les gestes essentiels après la floraison
La première question qui se pose concerne la tige florale fanée. Doit-on la couper immédiatement ou attendre?
La réponse est claire pour tous les experts jardiniers : il faut supprimer la fleur fanée et son pédoncule dès que la floraison est terminée.
Cette action empêche la formation des graines, processus qui consomme inutilement l’énergie de la plante au détriment du bulbe.
En revanche, le feuillage doit être préservé intact jusqu’à son jaunissement naturel. Les feuilles sont les usines énergétiques de la plante, transformant la lumière solaire en nutriments essentiels.
On dit souvent qu’il faut attendre que les feuilles puissent se détacher d’elles-mêmes lorsqu’on tire légèrement dessus.
La technique du rabattage progressif
Pour concilier esthétique du jardin et besoins physiologiques des tulipes, certains jardiniers français pratiquent le rabattage progressif.
Cette méthode consiste à plier délicatement les feuilles et à les maintenir au sol avec une petite attache ou en les dissimulant parmi d’autres plantes.
Cette technique permet de masquer le feuillage jaunissant tout en lui permettant de continuer sa photosynthèse.
Une autre approche consiste à planter des vivaces à développement tardif autour des tulipes.
Des plantes comme les géraniums vivaces, les alchémilles ou certaines graminées prendront progressivement le relais visuel quand les tulipes commenceront à faner.
Cette méthode, très prisée dans les jardins à la française, permet une transition harmonieuse des saisons.
La fertilisation post-floraison

Contrairement à une idée reçue, la période post-floraison est idéale pour apporter une fertilisation adaptée aux tulipes. Un engrais riche en potassium et en phosphore favorisera le développement du bulbe et la formation des futures fleurs.
Les jardiniers expérimentés recommandent d’éviter les engrais trop azotés qui stimuleraient principalement le feuillage au détriment du bulbe.
Dans la tradition jardinière française, on privilégie souvent les amendements organiques comme le compost bien décomposé ou le fumier déshydraté.
Ces apports, réalisés en surface sans perturber les racines, se décomposeront lentement pour nourrir les bulbes.
Un apport de cendre de bois, riche en potasse, est également une pratique ancestrale efficace dans nos régions.
Le calendrier d’intervention optimal
- Immédiatement après la floraison : suppression des fleurs fanées
- 2-3 semaines après la floraison : apport d’engrais spécial bulbes
- Lorsque le feuillage jaunit (généralement fin juin) : décision de laisser en place ou d’arracher les bulbes
- Mi-juillet à août : période idéale pour déterrer les bulbes si nécessaire
Faut-il déterrer les bulbes chaque année
La question de l’arrachage des bulbes divise souvent les jardiniers. Dans les régions au climat doux et aux sols bien drainés comme le Sud-Ouest ou la Provence, les bulbes peuvent généralement rester en terre.
En revanche, dans les zones plus humides ou aux hivers rigoureux, l’arrachage peut s’avérer nécessaire pour certaines variétés délicates.
Les tulipes botaniques et certaines variétés rustiques comme les Darwin peuvent rester en place plusieurs années, formant progressivement des touffes plus denses.
Les variétés plus sophistiquées, notamment les tulipes à fleurs doubles ou les tulipes perroquet, bénéficient davantage d’un arrachage annuel.
Cette pratique permet de sélectionner les plus beaux bulbes et d’éviter la dégénérescence progressive observée chez certains cultivars.
La technique d’arrachage et de conservation
Si vous optez pour l’arrachage, attendez que le feuillage soit complètement jaune et sec. Utilisez une fourche-bêche pour soulever délicatement la terre autour des bulbes sans les endommager.
Après extraction, laissez-les sécher à l’ombre dans un endroit bien ventilé pendant environ une semaine.
Les bulbes seront ensuite nettoyés en retirant la terre et les racines sèches. Triez-les par taille, en écartant ceux qui présentent des signes de maladie ou des blessures.
Conservez-les dans des cagettes ou des filets suspendus dans un local sec, frais et aéré jusqu’à la plantation automnale.
Les pratiques innovantes des jardiniers français
De nombreux jardiniers français développent des approches novatrices pour la gestion post-floraison des tulipes. La technique de la « jachère fleurie temporaire » consiste à remplacer les tulipes par des annuelles à croissance rapide comme les cosmos ou les zinnias.
Ces plantes sont semées directement entre les rangs de tulipes en fin de floraison et prennent le relais ornemental tout en protégeant les bulbes en dormance.
Dans les jardins contemporains français, on observe également une tendance à créer des « prairies de bulbes » où les tulipes sont plantées en association avec d’autres bulbeuses à floraisons successives.
Cette approche naturaliste, inspirée du jardinier néerlandais Piet Oudolf mais adaptée au contexte français, permet d’étaler les floraisons et de masquer naturellement le déclin des tulipes.
La synthèse des bonnes pratiques
Pour assurer la pérennité de vos tulipes, retenez ces principes essentiels : supprimez les fleurs fanées mais conservez le feuillage jusqu’à son jaunissement complet, apportez une fertilisation adaptée riche en potassium et phosphore, et adaptez votre stratégie d’arrachage selon les variétés et votre climat local.
Les tulipes botaniques peuvent généralement rester en place tandis que les variétés hybrides plus sophistiquées bénéficient souvent d’un arrachage annuel.
En suivant ces recommandations issues de la tradition jardinière française et adaptées aux conditions modernes, vous pourrez profiter de magnifiques floraisons de tulipes année après année.
La patience et l’observation attentive de vos plantes vous permettront d’affiner progressivement vos pratiques pour obtenir des résultats toujours plus spectaculaires dans votre jardin.
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