
Installez un engrais vert seigle+vesce : mode d’emploi
Comme j’aime à le dire à mes amis jardiniers, les engrais verts sont les véritables héros méconnus de nos potagers. Le duo seigle-vesce représente l’alliance parfaite entre protection des sols et enrichissement naturel – un véritable bouclier vivant qui travaille pour vous pendant les mois froids.
Après quinze années à expérimenter différentes combinaisons d’engrais verts, je reste convaincu que peu de mélanges rivalisent avec l’efficacité du seigle associé à la vesce.
Sommaire de cet article
Pourquoi choisir l’association seigle et vesce?
Cette combinaison n’est pas le fruit du hasard, mais une véritable stratégie agronomique que j’ai adoptée depuis plusieurs saisons. Le seigle, avec son système racinaire dense et profond, structure admirablement le sol et empêche le lessivage des nutriments.
La vesce, quant à elle, appartient à la famille des légumineuses et possède cette faculté précieuse de fixer l’azote atmosphérique dans le sol grâce à ses nodosités racinaires.
Ensemble, ils forment un duo complémentaire inégalable : le seigle apporte la matière carbonée et la structure, tandis que la vesce enrichit le sol en azote – l’élément nutritif essentiel pour vos futures cultures. J’ai constaté que mes tomates plantées après ce duo poussaient avec une vigueur impressionnante !
De plus, ce mélange assure une couverture optimale du sol, limitant drastiquement l’apparition des adventices (ces mauvaises herbes qui nous causent tant de soucis).
Quand et comment semer ce mélange gagnant
Le timing est primordial pour réussir votre engrais vert. Pour le mélange seigle-vesce, la période idéale se situe entre septembre et novembre, selon votre région climatique.
Personnellement, dans mon jardin du centre de la France, je privilégie une implantation mi-octobre, ce qui permet un bon développement avant les premiers froids tout en évitant une croissance excessive.
Préparation du sol avant semis
Avant toute chose, je prépare soigneusement mon terrain. Après avoir récolté les derniers légumes d’été, je procède à un léger travail du sol sur 5 à 10 cm de profondeur.
J’évite le labour profond qui perturberait inutilement la vie souterraine si précieuse.
Voici comment je procède étape par étape :
- Nettoyage de la parcelle en retirant les résidus de culture importants
- Passage de la grelinette ou de la fourche-bêche pour ameublir légèrement le sol
- Ratissage pour obtenir un lit de semence relativement fin
- Si le sol est très pauvre, incorporation d’un peu de compost mûr (facultatif)
Dosage et semis du mélange
Pour un résultat optimal, j’utilise un ratio de 150g de seigle pour 80g de vesce par 10m². Cette proportion permet d’obtenir une couverture équilibrée sans que l’une des espèces ne prenne le dessus sur l’autre.
C’est un dosage que j’ai ajusté après plusieurs saisons d’observation et qui fonctionne à merveille dans mon jardin.
Je procède toujours au semis à la volée, en mélangeant préalablement les deux graines. Pour assurer une répartition homogène, je divise mon mélange en deux parts égales :
Je sème la première moitié en effectuant des passages dans un sens, puis la seconde en marchant perpendiculairement à mon premier passage.
Après le semis, un léger ratissage permet d’enfouir superficiellement les graines. Je termine par un passage de rouleau (ou je piétine délicatement la surface avec une planche) pour assurer un bon contact terre-graine.
Si le temps est sec, un arrosage léger mais régulier facilitera la germination – une étape que j’ai parfois négligée à mes dépens !
L’entretien de votre engrais vert
C’est là tout le charme de cette technique : l’entretien est quasi inexistant ! Une fois le semis effectué et la levée assurée, votre engrais vert se développe pratiquement sans intervention.
Le mélange seigle-vesce est particulièrement résistant au froid, ce qui en fait un allié précieux pour les mois d’hiver.
Quelques conseils tout de même :
- Surveiller les limaces au démarrage si l’automne est humide
- Observer l’équilibre entre les deux espèces (la vesce peut parfois être plus délicate au départ)
- Ne pas s’inquiéter si le développement semble lent en période froide – la croissance reprendra au printemps
- Éviter de marcher sur la parcelle pendant l’hiver pour ne pas tasser le sol
La destruction et l’incorporation au printemps
Le moment crucial arrive au printemps, généralement entre fin mars et avril selon les régions. La destruction doit intervenir avant la floraison du seigle, sinon celui-ci deviendra trop ligneux et sa décomposition sera plus lente.
J’ai appris cette leçon à mes dépens la première année, en laissant mon seigle monter trop haut !
Pour des surfaces modestes comme les miennes, la fauche à la faucille ou au coupe-bordure suffit généralement. Je laisse ensuite les résidus se dessécher quelques jours en surface avant de les incorporer légèrement dans les premiers centimètres du sol.
Une autre technique que j’affectionne est le « roulage-bâchage » : après avoir couché l’engrais vert, je le couvre d’une bâche opaque pendant 3 semaines, ce qui accélère sa décomposition.
Il est recommandé d’attendre environ 3 semaines après l’incorporation avant d’implanter vos cultures de printemps. Ce délai permet d’éviter la « faim d’azote », phénomène où les micro-organismes du sol, très actifs pendant la décomposition, mobilisent temporairement l’azote au détriment de vos jeunes plants.
J’ai remarqué que les cultures gourmandes comme les tomates, courgettes ou choux apprécient particulièrement de succéder à un engrais vert seigle-vesce.
Ce qu’il faut retenir
- Période de semis : septembre à novembre selon les régions
- Dosage : 150g de seigle + 80g de vesce pour 10m²
- Profondeur de semis : très superficielle (1-2cm maximum)
- Destruction : avant floraison du seigle (fin mars-avril)
- Délai avant plantation : 3 semaines après incorporation
Voilà maintenant cinq ans que j’utilise systématiquement ce mélange dans ma rotation, et la différence est frappante : un sol plus souple, plus vivant, et des légumes qui poussent avec une vigueur renouvelée. Au-delà de l’aspect technique, il y a quelque chose de profondément satisfaisant à voir cette couverture verte persister pendant l’hiver, comme une promesse de fertilité pour le printemps à venir.
Et vous, avez-vous déjà tenté l’aventure des engrais verts dans votre jardin ?
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