Découvrir un champignon orange vif sur un tronc ou une souche au jardin intrigue toujours. Ces formations colorées appartiennent à plusieurs espèces de champignons lignicoles (qui décomposent le bois). Loin d’être nuisibles, ils jouent un rôle écologique crucial en recyclant la matière organique.
Voici comment identifier les principales espèces orange que vous rencontrerez sur le bois mort de votre jardin.
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La pézize orangée : le bol lumineux
La pézize orangée (Aleuria aurantia) est probablement le champignon orange le plus spectaculaire du jardin. Elle forme des coupelles de 2 à 10cm de diamètre, d’un orange éclatant tirant sur le rouge. L’intérieur de la coupe est lisse et brillant, l’extérieur plus pâle et légèrement duveteux.
Ces champignons apparaissent souvent en groupes sur le sol, les copeaux de bois ou le compost.
On les observe principalement en automne, d’août à novembre, après les pluies. La pézize orangée n’est pas strictement lignicole mais affectionne les zones riches en débris végétaux.
Elle est comestible jeune mais sans intérêt culinaire particulier. Son principal atout reste esthétique : ces coupes orange vif illuminent les coins ombragés du jardin comme de petites lanternes naturelles.
Observation naturaliste : photographiez les pézizes au lever du jour quand la rosée perle sur leur surface lisse. La lumière rasante sublime leur couleur flamboyante. Un spectacle éphémère car elles se désagrègent en quelques jours.
Le tramète orangé : le polypore commun
Plusieurs espèces de tramètes (polypores) présentent des teintes orangées. Le plus fréquent est le tramète versicolore (Trametes versicolor) dont certaines zones peuvent virer à l’orange, bien que généralement multicolore.
On le reconnaît à sa forme en console ou en éventail, ses zones concentriques de couleurs variées, et sa surface veloutée.
Ces champignons coriaces persistent toute l’année sur les troncs morts, les souches et le bois coupé. Ils colonisent aussi bien les feuillus que les résineux. Leur face inférieure présente de minuscules pores blancs qui libèrent les spores.
Contrairement aux champignons charnus, les tramètes ne pourrissent pas rapidement mais se dessèchent et persistent plusieurs années.
La tremelle mésentérique : la gelée orange
La tremelle mésentérique (Tremella mesenterica), surnommée « cervelle de chêne » ou « beurre de sorcière », est un champignon gélatineux d’un jaune orangé translucide.
Elle forme des masses de 2 à 8cm, bosselées et plissées comme un cerveau miniature. Sa texture gélatineuse est caractéristique : elle tremble au toucher, d’où son nom.
Ce champignon apparaît sur les branches mortes de feuillus, principalement en automne et hiver après les pluies. Par temps sec, il se ratatine en une croûte dure brun-orangé, puis se regonfle avec l’humidité. Ce cycle lui permet de survivre longtemps sur le même support.
La tremelle est comestible mais fade, utilisée principalement en Asie pour sa texture en cuisine.
| Espèce | Forme | Texture | Support | Saison |
|---|---|---|---|---|
| Pézize orangée | Coupe/bol | Charnue, cassante | Sol, copeaux | Août-novembre |
| Tramète versicolore | Console/éventail | Coriace, dure | Troncs, souches | Toute l’année |
| Tremelle mésentérique | Masse gélatineuse | Molle, tremblante | Branches mortes | Automne-hiver |
| Hypomyces lactifluorum | Parasite déformant | Poudreuse, orangée | Sur autres champignons | Été-automne |
L’hypomyces : le parasite orange
L’Hypomyces lactifluorum présente un cas particulier : ce n’est pas un champignon sur bois mais un champignon parasite d’autres champignons. Il colonise principalement les russules et lactaires, les recouvrant d’une couche poudreuse orange vif. L’hôte déforme et prend une apparence de pomme de terre orange bosselée, méconnaissable.
Bien que rare au jardin (plus fréquent en forêt), on peut l’observer près des arbres mycorhizés. Paradoxalement, cette moisissure transforme des champignons potentiellement toxiques en un mets réputé comestible appelé « homard des bois » en Amérique du Nord, pour sa texture ferme et sa couleur rappelant la carapace du crustacé.
Conseil sécurité : Ne consommez jamais un champignon sur la seule base de sa couleur. L’identification certaine nécessite l’observation de multiples critères. En cas de doute, photographiez et consultez un mycologue ou une société mycologique locale.
Le rôle écologique bénéfique
Tous ces champignons orange participent activement à la décomposition du bois mort. Ce processus essentiel libère les nutriments enfermés dans le bois (azote, phosphore, minéraux) et les rend disponibles pour les autres plantes du jardin. Sans ces décomposeurs, le bois mort s’accumulerait indéfiniment et les cycles nutritifs seraient bloqués.
Les champignons lignicoles créent également des microhabitats pour de nombreux insectes, arthropodes et autres organismes. Un tronc colonisé par des champignons abrite 10 fois plus de biodiversité qu’un tronc sain. Oiseaux, hérissons et amphibiens profitent indirectement de cette vie foisonnante en y trouvant leur nourriture.
Plutôt que d’éliminer systématiquement le bois mort de votre jardin, considérez-le comme un élément structurant de l’écosystème. Une souche abandonnée dans un coin devient un hôtel à biodiversité gratuit.
Les champignons orange qui s’y développent signalent que la vie microbienne prospère et que votre jardin fonctionne comme un écosystème équilibré.
Faut-il les éliminer ou les conserver ?
Ces champignons orange ne présentent aucun danger pour vos plantations vivantes. Ils ne s’attaquent qu’au bois déjà mort ou très affaibli. Leur présence sur une souche, une planche de terrasse ancienne ou du bois de chauffage stocké est normale et sans conséquence pour le reste du jardin. Ils ne « contamineront » pas vos arbres sains.
Conservez-les pour leur intérêt esthétique et écologique. Ces touches colorées animent le jardin en automne et hiver quand les floraisons se raréfient. Si leur présence vous dérange vraiment sur une structure visible (banc, bordure), retirez simplement le corps fructifère (partie visible).
Mais sachez que le mycélium (partie végétative invisible) reste dans le bois et produira de nouveaux champignons.
Pour empêcher leur apparition sur des structures en bois que vous souhaitez préserver (abri, palissade), traitez le bois avec une huile de protection ou une lasure adaptée. Le bois ainsi protégé devient moins attractif pour les champignons décomposeurs. Mais pour le bois purement décoratif ou écologique du jardin, laissez la nature suivre son cours et profitez du spectacle gratuit qu’offrent ces joyaux orangés.